Un sentiment d’appartenance et de fierté
Jessica Francis n’arrive pas à croire à quel point sa qualité de vie s’est améliorée depuis qu’elle a emménagé dans sa maison à Scotchfort, dans la réserve de la Première Nation Abegweit.
Elle y vit depuis novembre 2021 avec son partenaire Riley et leur fille Claire, âgée de trois ans.
« Grâce à notre nouvelle maison, je mène aujourd’hui une vie que je ne pensais pas possible, avoue-t-elle. Entourée de ma famille et de mes amis, j’ai un sentiment d’appartenance à la communauté qui me faisait défaut auparavant. »
Avant le déménagement, elle tentait tant bien que mal de surmonter les difficultés financières rattachées au loyer élevé de son appartement.
« Je devais payer 1 400 dollars par mois en loyer, sans même compter l’électricité et l’Internet, que je devais payer séparément. C’était assez dur comme situation. »
Obligée à faire compter chaque dollar et à parfois choisir entre l’épicerie et les factures, Jessica ressentait les répercussions sur sa santé mentale.
« Le stress était bel et bien au rendez-vous, se souvient-elle. C’était stressant de me demander si j’allais pouvoir payer mon loyer et avoir les moyens de vivre et de survivre – surtout si je n’avais pas l’argent dont j’avais besoin. »
Grâce à des programmes tels que le Fonds pour le logement communautaire de la province et l’Initiative pour la création rapide de logements de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, les habitations se multiplient dans la réserve de la Première Nation Abegweit.
Selon Chris Jadis, directeur du logement et conseiller de bande de la Première Nation Abegweit, il est très important de faire participer les membres de la communauté à la construction des maisons. Les différentes équipes chargées de la construction, de l’électricité et de l’aménagement paysager ont alors la possibilité d’acquérir de précieuses compétences.
« Les gens en tirent vraiment un sentiment de fierté, affirme-t-il. Les travaux de construction sont tout nouveaux pour certaines personnes, ce qui leur permet de développer de nouvelles compétences pour construire et entretenir leurs maisons. L’expérience leur ouvre également les portes d’une carrière dans le domaine de la construction. »
Comme l’indique le chef Roderick (Junior) Gould, cette manière de faire permet aussi aux membres de la communauté de rester près de chez eux.
« De nature, notre communauté est très familiale, explique-t-il. Il y a des chefs au sein de chaque famille. Lorsque toutes ces familles s’unissent pour une cause quelconque, les chefs et les familles deviennent la communauté. Ce que nous avons fait ici, c’est donner à la communauté les moyens de se prendre en charge. »
Il ajoute que les compétences acquises par les travailleuses et travailleurs lors de la construction des maisons sont réinvesties dans leur communauté.
« On tombe peut-être dans le cliché en disant que ces maisons sont bâties pour nous et par nous, mais c’est quelque chose qui nous rend fiers. »
En réfléchissant à la construction des maisons, le chef Gould reconnait que ce type d’histoires positives est une source de fierté importante, tant à titre personnel que pour les autres membres de la Première Nation Abegweit.
« Les pensionnats autochtones et l’histoire des Premières Nations ont toujours été marqués par la honte, la victimisation et la perte de notre fierté, souligne-t-il. Nous rétablissons donc non seulement notre identité culturelle, mais aussi notre conscience sociale. Nous sommes des membres productifs de la société : voilà le portrait de la Première Nation Abegweit. »
Lorsque les jeunes voient les membres de leur communauté se rallier autour d’une cause commune, ils en tirent une leçon qu’ils transmettront aux générations futures.
« Peu importe la situation, nous faisons toujours participer les enfants. C’est la façon de faire des Mi’kmaq. Qu’il s’agisse d’un enterrement ou d’un mariage, les enfants sont toujours avec nous; ils ne sont jamais renvoyés ou tenus à l’écart. C’est ainsi que nous continuons d’avancer. »
Selon le chef Gould, le logement est à la base d’une communauté forte.
« Nous offrons un toit et un sentiment de stabilité à ces familles. Elles peuvent alors s’instruire, conserver ces connaissances dans la communauté et mettre leurs acquis au service d’autres personnes. Ces effets positifs se perpétuent, et ce sont les communautés des Premières Nations qui en profitent. »
Le Fonds pour le logement communautaire, en partenariat avec l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), appuie la création de nouvelles initiatives de logement axées sur l’abordabilité, les groupes vulnérables, les logements avec assistance ou les groupes ayant besoin de davantage de soutien.
Le Fonds se divise en trois catégories principales : le renforcement des capacités et la recherche; la gestion de projet et les services professionnels; ainsi que la construction et le développement.
On peut se renseigner davantage sur le Fonds pour le logement communautaire en cliquant ici.